Si l’enfer est pavé de bonnes
intentions, ne peut-on pas envisager que le paradis puisse être pavé de
mauvaises intentions ?
En effet, l’innovation sociale
est souvent initiée par les entreprises pour des raisons d’image, de souci de réglementation
ou de différenciation marketing. Quelquefois, trop rarement elle est développée
pour ce qu’elle est : à savoir une source de réponses à des défis qui s’imposent
ou émergent au sein d'un cadre classique de réflexion qui n’est plus la norme adaptée
pour y trouver une solution.
La campagne électorale stimule certains
candidats (malheureusement pas tous) à envisager l’innovation sociale comme une
démarche à part entière de leur réflexion voire de leurs propositions. Mais le
principe même de l’innovation sociale est l’expérimentation et la proposition
de nouvelles démarches y compris dans la conquête du pouvoir : c’est le
principe de la preuve par l’action (le débat est alors déplacé sur le registre
de l’action et non plus des promesses qu’il ne faut plus croire et que l’on ne
croit plus d’ailleurs).
La citoyenneté est une composante
de l’innovation sociale : c’est accepter d’inclure le citoyen dans son
mode de fonctionnement, le reconnaitre comme un interlocuteur, le laisser s’exprimer
et co créer avec lui.
Dès lors, si l’on laisse cet état
d’esprit guider sa campagne, on peut faire émerger des idées a priori
intéressantes telles que par exemple envisager de l’éducation populaire, loin
de toute considération politique ou partisane. L’affichage est clairement
publiée sous le nom de PEDAGOGIE.
Pour mémoire, la pédagogie
est un terme qui rassemble les méthodes et pratiques d’enseignement et d’éducation,
et ainsi que toutes les qualités requises pour transmettre une connaissance, un
savoir et un savoir-faire (source : wikipedia)
Mais peut-on faire de la pédagogie
quand on est politique ? Cela peut revenir à ce que nous
disions ci-dessus à savoir utiliser l’innovation sociale comme un mode de
différenciation marketing et d’image. Il
convient de ne pas être dupe évidemment, de là à crier à l’opportuniste, il n’y
a qu’un pas. Mais revenons aux fondamentaux de l’innovation sociale : la
preuve par l’action.
Il y a proposition, affichage d’intention
désintéressée, il y a action et donc offre aux yeux de tous d’un positionnement
affiché comme différent.
DONC il peut y avoir retours sur l’expérimentation et appréciation de ce qui fonctionne, pourrait fonctionner et ce qui ne fonctionne pas.
DONC il peut y avoir retours sur l’expérimentation et appréciation de ce qui fonctionne, pourrait fonctionner et ce qui ne fonctionne pas.
Cela demande évidemment une
posture nouvelle (mais l’est-elle vraiment ?) du citoyen présent dans l’auditoire :
de l’intelligence et de l’exigence. A une promesse pédagogique, le public est
donc dans une attente forte d’apprentissage, de transmission de connaissance, d’un
savoir ou d’un savoir-faire.
L’époque GOOGLE aujourd’hui nous
conduit tous à être informés rapidement et ce, à avec une diversité de
sources et de documents. Pour autant, nous avons besoin de pédagogie quand elle consiste
non pas en une transmission d’information mais en une capacité de mise en
perspective objective, de questionnement et de SENS dans une situation de
complexité ou d’enjeux dépassant notre vision locale et humaine.
Dès lors, le politique exerçant
la pédagogie pose naturellement la question de l’objectivité principalement
dans la création de SENS. On ne peut lui demander d’être schizophrène : il
est politique donc par définition dispose d’un projet qu’il porte (voire
incarne) et qu’il veut promouvoir (ou défendre) et donc sa pédagogie sera
difficilement objective et laissera apparaitre sa nature intéressée à le faire.
DONC c’est une expérience vouée à
l’échec ?
Contrairement aux apparences, la
réponse appartient à l’auditoire qui a la responsabilité de la réussite de l’expérience.
En effet comme toute innovation
sociale, l’expérience ici de pédagogie repose sur la capacité de CO-CREATION. C’est
donc à l’auditoire de faire sortir le politique de ses réflexes et de lui poser
des questions qui lui feront incarner sa posture de pédagogue.
Or, pas de bonnes réponses, sans
bonnes questions !
L’exercice demande alors au
public d’être exigeant, insistant (revenir sur la question si pas de
réponse), avide de savoir et curieux (hors de ses préoccupations locales et de
clocher), monter en compétence pour savoir transmettre à son tour, révéler une
envie d’aller plus loin, ….
Le chemin de la CO-CREATION est
encore très très long mais pas impossible : ce type d’expérience a le mérite d’interroger le
citoyen dans son rôle, sa posture et son envie. Sans ce questionnement, le
politique se retrouvera avec des habitants passifs en grande majorité ; Or
une petite minorité d’habitants actifs fragilisera à terme l’idée même de citoyenneté.
Nous demandions en préambule si le paradis pouvait être pavé de
mauvaises intentions ?
Finalement peu importe l’intention
de départ, toute tentative est aujourd’hui pour l’habitant bonne à saisir pour s’épanouir
en citoyen de demain.
Pour cela, il faut retravailler
ce qu’on nous donne, apprendre et devenir ce que nous devons être à savoir UN TIERS
à part entière :
Car finalement Le politique est
un véhicule parmi d’autre, c’est nous qui devons choisir la direction !
Sur l’un de vos points seulement.
RépondreSupprimerA vos dires, « le public serait dans une attente forte d’apprentissage, de transmission de connaissance, d’un savoir ou d’un savoir-faire ».
Peut-être ou probable, ou souhaitable, ou vœux pieu ?
Digression :
L’un des avantages de l’âge, c’est que les souvenirs de l’enfance semblent venir d’un autre temps, pas simplement d’un autre siècle, non, réellement d’un autre temps.
Dans le fin fond d’un petit village solognot ou j’allais passer une partie de mes vacances d’été chez mes arrières-grand-parents, il me revient en mémoire le bruit, à l’époque incompréhensible des échanges, entre hommes, dans la l’arrière salle d’un minuscule bistrot, sur des sujets que je sais aujourd’hui politique.
A l’époque, en ce lieu, pas de télé, peu de radio, que la presse, donc du temps pour apprendre à penser seul, puis à confronter ses idées à celles des autres, parfois chaudement, surtout si les « fillettes » (environ une demi-bouteille) étaient de la partie.
Les échanges étaient parfois vifs, mais des le lendemain, si ce n’est le soir même, il fallait retravailler aux champs, en foret, à l’atelier, qu’importe, avec son voisin d’échange.
Retour :
Curieusement, actuellement le temps nous manque, ce temps qui permet d’apprendre à penser « seul », pas celui de répéter les propos de soi-disant expert ou des petits maitres à penser de partis politique, non, de penser seul, de se forger une opinion qui pourra être confrontée à celle des autres et qui de fait, se modifiera, s’enrichira.
La télé bouffe la tête, la presse abêtit souvent, la lecture, même sur tablette, se réduit à peau de chagrin, des idéologues fonctionnarisés tentent de nous culpabiliser pour nous contraindre à la pensée unique, les plus criminels étant probablement les tenants de l’interdit de … , les « il faut pas que », … la vitesse, la recherche, … .
Il semble que sans capacité « à penser seul » l’apprentissage soit particulièrement difficile et de fait la transmission des savoirs implique un engagement quasi sacrificiel de celui qui tente de transmettre.
Pour se réapproprier une partie des sujets locaux :
Publication le plus tôt possible de l’ordre du jour des Conseils municipaux, à tout le moins des sujets forts et structurants. Ainsi fait des organisations citoyennes pourront s’emparer de ces thèmes. Retransmettre en direct (TV) ces conseils afin de savoir qui dit quoi (ré implication) et quoi (chacun s’assume). Les propositions, modifications, oppositions des organisations citoyennes pouvant être publiées et transmissent avant ou après ces Conseils. Réapprendre en faisant et, au bout d’un an par exemple, faire le point pour améliorer les process. Cela serait un début acceptable.
Il y a le « légal » et le « souhaitable » et des tentatives de convergences. Pas si simple quelques soient les bonnes volontés
FA